Quand elles ne sont pas composées à la guitare, l’essentiel des chansons le sont au piano. Dans notre cas d’ingénieur du son ou de technicien du son, apprendre à enregistrer sa Majesté d’ivoire et d’ébène est donc un passage obligé, à commencer par sa forme la plus classieuse : le piano à queue. A bien y regarder et pour rester sur un terrain familier, un piano n’est rien d’autre qu’une guitare (ou plus précisément une harpe) posée à plat. On y trouve des cordes tendues entre deux chevalets, une zone de frappe attaquée par un marteau pour chaque corde, et une table d’harmonie juste en dessous.
Le schéma ci-dessus montre les principaux emplacements à considérer lors de l’enregistrement d’un piano. Les micros peuvent être placés dans n’importe laquelle des positions A, B, C ou D, sachant que les ouvertures dans le cadre vous donne accès à la table d’harmonie sous les cordes. Détaillons à présent chaque positionnement
Le positionnement A est celui qu’on utilise le plus couramment en studio d’enregistrement. Il consite à mettre une paire de micros placés à 15 cm l’un de l’autre, juste au dessus des marteaux, un micro pointant vers les cordes graves et l’autre vers les cordes aiguës. Ces derniers doivent se situer à environ 15 cm des cordes. Notez qu’ils sont juste devant le pupitre. Si le musicien n’a pas besoin de ce dernier, n’hésitez pas à le retirer pour vous simplifier l’accès aux cordes. En plaçant bien ces deux micros, vous pouvez obtenir une très belle image stéréo avec les cordes graves à gauche, et les notes aigües sur la droite. Le fait que les micros soient juste au dessus des marteaux confère enfin une belle attaque et de la brillance aux notes.
Le positionnement B exploite la dureté du son à proximité du chevalet et peut être utilisé pour prononcer la présence des cordes graves. Nous ajoutons souvent une petite part du signal ainsi obtenu à la gauche de l’image stéréo pour accentuer les graves. Ca marche notamment très bien avec un piano de 7 ou 9 pieds.
Le positionnement D est la méthode la plus traditionnelle pour enregistrer un piano à queue et elle demeure toujours très utilisée lorsqu’il s’agit d’enregistrer l’instrument au sein d’un orchestre. Mais ce placement peut également être utilisé dans le contexte du positionnement "A" pour ajouter du corps et de la chaleur au son de l’instrument.
Le positionnement C permet de capter directement ce qui provient de la table d’harmonie. Le niveau sonore dégagé par cette dernière est relativement élevé. De ce fait, c’est un bon emplacement si vous avez à enregistrer un piano à queue dans un studio avec d’autres instruments et que vous désirez le détacher de ces derniers. En plaçant deux micros dans les ouvertures du cadre, vous pouvez baisser le couvercle au plus bas et colmater le jour avec des couvertures ou des oreillers, de sorte que vous obtiendrez un son clean tout en obtenant une bonne isolation des autres instruments. Une autre méthode pour récupérer le son de la table d’harmonie consiste à placer un micro sous le piano même, pointant vers le haut. On l’utilise souvent sur les plateaux de télé où l’on ne veut pas que les micros apparaissent à l’image.
Il existe une dernière méthode pour enregistrer un piano à queue. Elle consiste à fixer 2 PZM sous le couvercle et à fermer celui ci. La chose produit un joli son clean et se montre efficace si le son du piano est envahissant, raison pour laquelle on l’utilise sur scène de nos jours.